Alors... je vais où maintenant ?

Invité

Qu'est-ce que je fais là ? Comment je suis arrivée ici ? Pourquoi on est tous armés ? Pourquoi ils sont tous en train de devenir fous ? La peur, l'inconnu, le stress pouvaient réellement avoir de telles conséquences sur l'esprit ?

Qu'est-ce que je fais là ? Fichue question. Et évidemment, pas de réponse qui tombait toute prête du ciel. Il faudrait donc qu'elle se débrouille autrement. Qu'elle tue, sans doute. C'était la chose qu'elle admettait le plus facilement. Tuer, elle pouvait faire. Elle avait vu comment faire, et les erreurs à ne pas commettre. Une personne couturée, ça suffisait. Elle tenait à rester unique.

Qu'est-ce que je fais là ?

_ Raah, la ferme ! J'en sais rien, je veux pas avoir, et c'est pas en répétant sans cesse la même question que je saurais ! Boucle-là !

Joignant le geste à la parole, Lysandre se tue d'un coup. Elle avait crié un peu trop fort, la suture tirait et ses mots se répercutaient contre les murs. Zut de flûte, elle avait manqué de discrétion, ce coup-là. en espérant que personne d'autre n'ait eu l'idée d'explorer cet endroit. Quoique, vu l'odeur, il y avait peu de chances. C'était bien pour ça qu'elle était venue, à la base ? Elle s'était réveillée dans le hangar, avait crié un bon coup, senti un poids dans une de ses poches et était partie sans demander son reste. Elle n'avait même pas pris le temps de constater ce qu'était son arme... Déja, elle espérait que ce serait un minimum efficace, car aprés avoir vu quelqu'un hériter d'une cuillère à soupe, elle avait un peu peur. Comment tuer avec ça ? Comment se défendre ?

Bon. respire, Lysandre. On inspire, on expire... Impeccable. L'adolescente se laissa glisser au sol, et prit son bandana, le nouant sur son visage. La puanteur était un peu moins forte, de la sorte. C'était toujours ça de pris. Elle hésita un instant, puis ouvrit la poche où elle sentait le poids. En voyant ce dont elle se trouvait équipée, un sourire dément orna son visage. Combien de fois, dans ses délires, n'avait-elle pas vu ce scénario ? Elle passait du rêve à la réalité...

_ Merci pour ce hasard... Ca me convient parfaitement.

Cette fois, elle avait retenu la leçon. Sa voix avait été un souffle, encore étouffé par le bandana. Tranquille pour l'instant, elle joua un instant avec l'arme, en éprouvant le poids et la maniabilité, avant de la dissimuler à nouveau dans une poche plus accessible que la précédente. Si il y avait une chose qu'elle savait sur cet endroit, c'est que le but du jeu - l'expression ne lui avait jamais semblé plus cynique - était de rester le plus longtemps possible en vie. Sinon, pourquoi ces armes ?
Quelque chose lui échappait cependant, une donnée absente qui l'irritait grandement. Quel était le but de tout ce délire ? Est-ce que c'était une expérience sur l'instinct de survie en conditions hostiles pour des gens habitués à leur confort ? Ou un jeu ? Ou un nouveau type de guerre ?

_ Pour l'instant, m'enfoncer dans les galeries. Aprés, on fera le point...

Lysandre se redressa lentement, tendue. D'habitude, la solitude lui convenait amplement, mais là, il lui fallait admettre à contre-coeur qu'une présence "amicale" aurait été bienvenue. Si une personne pouvait être naïve pour lui faire confiance, bien sûr...
Elle commença à avancer lentement, hésitant à chaque embranchement sur la direction à suivre. Il serait stupide de se perdre si vite ! Un bruit se rapprochant finit par la décider alors qu'elle hésitait à la quatrième intersection rencontrée. Droite, gauche ? Plus le temps, gauche !

Des bruits de pas dans l'obscurité... Une jeune fille au visage enfantin... Topaze marchait lentement sur le bord, essayant de ne pas tomber dans le liquide qui dégageait une odeur nauséabonde un peu plus bas. Depuis combien de temps était-elle ici ?
Elle s'était réveillée quelques heures plus tôt dans un hangar totalement vide, dont les portes ouvertes donnaient sur un coin de verdure éclairé par la pleine lune. S'il y avait eu quelqu'un dans ces lieux, il n'y en avait plus aucune trace...
Se redressant, elle avait jeté un regard autour d'elle cherchant son chien, c'était tout ce qui lui importait. Mais, comme elle le craignait, il avait disparu...
Elle sentait également une vive douleur dans son crâne, que s'était-il passé ? Elle s'était apparemment évanouïe... Mais pourquoi ? L'autre avait-elle encore prit possession de son corps ? Jetant de nouveau un regard autour d'elle, elle n'avait put retenir un soupir. Si c'était le cas, elle avait fait fort... Où l'avait-elle emmenée ? Qu'avait-elle fait de Nilfheim ?
Se rappelant soudain que son rat l'accompagnait également lors de sa promenade, elle avait passé une main dans sa poche et avait été soulagée de sentir les poils soyeux de l'animal. Pourtant ce n'était pas lui qui pourrait l'aider...
A présent sur son épaule, Ebène lui chatouillait les joues de ses moustaches tandis qu'il suivait ses mouvements de tête. La jeune fille arriva bientôt à une intersection et stoppa net.

-Où devrais-je aller ?... Hum... Aucune importance...

Depuis qu'elle avait quitté l'entrepot, une question ne cessait de revenir : Que faisait-elle ici ? Qu'elle était le but de sa présence dans cet endroit ? Elle avait parcouru un long chemin avant d'arriver dans ces égouts... A vrai dire elle marchait sans but et ça n'était qu'après plusieurs mètres qu'elle avait senti l'odeur. Toussant de dégout elle s'était retourné. D'où venait-elle ? Il y avait plusieurs chemins... Finalement après avoir réfléchi un instant elle avait reprit sa marche comme avant. Elle avait continué tout droit... A nouveau, elle prit le chemin devant elle, ignorant les deux autres. Soudain un autre bruit de pas se fit entendre, La jeune fille s'arrêta de nouveau, ça venait du chemin de gauche, reculant de quelques pas, faisant face au chemin, elle aperçut une autre personne. Dans la pénombre, elle ne vit pas tout de suite le physique de celle-ci, elle ne put que l'identifier en tant que fille.

-Je... Bonsoir...

Sa première pensée fut de se dire que cette jeune fille ne devait pas être normale pour se promener dans un tel endroit. Puis elle esquissa un sourire. Après tout, elle y était aussi... Que pouvait-elle dire à présent ? Elle se sentait idiote avec sa canne à pêche dans la main droite.
Elle-même ne savait pas pourquoi elle l'avait prise, en se réveillant elle l'avait trouvé et c'était dit que si c'était là, ça lui serait nécessaire...
Pour quoi ? Pour pêcher ? A mesure que le temps passait, quelque chose lui disait que ça servirait à autre chose... Et cette pensée l'effrayait. S'il s'avérait qu'elle soit vrai, l'autre prendrait le dessus, à moins bien sûr qu'elle soit dans le coup... Dans ce cas là, elle s'arrangerait pour prendre le dessus quand elle même ne pourrait plus se contrôler...
Topaze pencha la tête, essayant de voir la jeune fille.
Non... pas moyen... elle n'y parvenait... elles étaient trop loin l'une de l'autre.

-Savez-vous où nous sommes ?

Invité

Du bruit... Est-ce que quelqu'un l'avait suivie, quelqu'un d'aussi perdu et ignorant de la situation qu'elle ? Lysandre ne savait comment réagir, se contentant de mettre sa main dans une de ses poches et d'effleurer de ses doigts le manche froid de son arme. Cela la rassurait, elle pourrait se protéger, se défendre, verser ce sang qui a fascinait... si elle était en mauvaise posture. Telle était la limite que l'adolescente s'était fixée pour ne pas devenir une machine.
De toute manière, même si ce lieu n'était pas un lieu de mort, même si ce n'était qu'une expérience ou un jeu inoffensif, elle savait qu'elle était condamnée à plus ou moins long terme. Elle n'avait pas d'antibiotiques avec elle, sa suture ne protégeait que mal ses chairs tranchées, une infection avait donc toutes les chances de se déclarer. Cela, par contre, terrorisait la jeune fille. Toute mort serait mieux que celle-ci, même mourir étouffée par un canard en plastique...
Elle se recula contre le mur, ne grimaçantpas sous le contact froid, humide, à la limite de la viscosité, ni devant l'odeur atroce qui se faisait plus forte. Détachée...
La voix féminine qui résonna ne lui tira pas un tressaillement, tandis que les images de son délire du moment, qui gagnait en intensité depuis son entrée dans ce lieu, se précisaient, se mêlaient à la réalité pour ne plus former qu'un magma informe. Pourtant, elle distinguait encore la frontière, vaguement...
Dans sa poche, sa main se crispa sur son arme, commençant à l'extraire lentement, puis se détednit d'un coup. C'était fini, le délire avait touché à sa fin, il n'y en aurait plus avant un petit moment... Elle n'avait rien fait d'irréparable, c'était fini... Maintenant, elle prêtait l'oreille, et eut un haussement de sourcil dédaigneux devant la question qui venait tout juste d'être posée.

_ Dans un système d'égouts, dans un lieu situé je ne sais où, où nous avons atterri pour je ne sais quelle raison. D'autres questions ?

Elle avait descendu son bandana sur son cou pour que sa voix s'entende, et s'était rapprochée. Dans l'obscurité du lieu, la plaie qui ornait son visage semblait plus profonde, plus béante. Un sourire hautain sur les lèvres, le regard fier, Lysandre dissimulait à merveille sa peur. Elle ne comptait pas s'abaisser à la montrer, ce serait indigne d'elle. Elle espérait au fond d'elle la compagnie de quelqu'un, certes, mais ne s'abaisserait pas à l'exprimer à haute voix. C'était aux autres d'avoir besoin d'elle, de sa présence, de son dédain et de son mépris qui donnaient l'illusion qu'elle était en toues circonstances d'une froideur souveraine. Pas le contraire.

_ Je suis Lysandre... Et toi ?

Un peu de sociabilité n'a jamais fait de mal à personne, n'est-ce pas ?

Topaze n'avait pas eu le temps de répondre à la première phrase de la jeune fille... Celle-ci s'était avancée, lui dévoilant un visage barré d'une cicatrice...
Les yeux de la jeune femme semblèrent s'agrandir un instant... Pourtant elle n'eut pas de mouvement de recul, se contentant d'observer silencieusement les moindres traits du visage de la seule personne qu'elle ait rencontré jusque là : bien que la blessure l'ait déformé quelque peu il semblait avoir gardé une petite touche de beauté...
Finalement Topaze plongea ses yeux sans expressions dans ceux de son interlocutrice et il lui sembla y lire beaucoup plus de choses que ce que cette personne montrait.
De son coté, elle ne put s'empêcher de sourire, cette façon de cacher ces émotions l'avait toujours intriguée...
C'était apparemment un besoin et elle n'échappait pas non plus à cette règle. Ces yeux marrons parsemés de reflets rouges étaient actuellement cachés par des lentilles de contact bleues.
A vrai dire, ces "yeux" lui plaisaient... En effet, quoi de plus amusant que d'être capable de sonder l'esprit des autres en se sachant pertinemment protégé soi même contre une telle intrusion ?
Tandis que ce vague sourire se dessinait sur le visage de la jolie blonde, son interlocutrice se présenta, ce qui la fit sourire de plus belle.

- Pour le moment, je suis Topaze...

Comme tout schizophrène qui se respecte, elle considérait sa seconde personnalité et elle même comme deux personnes distinctes... Elle était Topaze, mais l'intruse, elle, n'avait pas de nom... Cela serait revenu à lui accorder trop d'attention...

-...l'autre semble absente, mais c'est tout aussi bien...

Elle sourit de nouveau, sa phrase pouvait sembler étrange, mais elle n'y pensa pas un instant, se contentant de fixer la jeune fille calmement. Depuis quand n'avait-elle pas dialogué avec quelqu'un ? L'autre l'en empêchait le plus souvent... Les autres fois, c'était elle-même qui avait fait ce choix, de peur que l'autre détruise les personnes qui lui étaient chères... Que devaient-elles dire après ça ? En tant normal elle aurait fait durer les présentations, parlant de boulot, de famille ou encore de loisir... Là, ça ne lui semblait pas approprié...

Vous euh... Tu as rencontré d'autres personnes ? Je n'ai pas vu âme qui vive, mis à part toi...

Minable... Pourquoi posait-elle des questions aussi idiotes ? A croire que sa langue était déconnectée de sa pensée... Peut-être faudrait-il qu'elle appelle un réparateur...

Invité

Topaze... Joli nom. Schizophrène, apparemment, puiqu'elle avait parlé d'une "autre", absente pour l'instant. Lysandre n'eut pas un seul mouvement, son visage restant dans la même expression, comme celui d'une statue de marbre, tandis qu'un voile s'abaissait sur ses yeux, les rendant comme vides. Elle avait mis longtemps pour apprendre cela, et le faisait rarement. Mais sur cette île, elle doutait de réussir à faire confiance à quelqu'un.
Si elle ne sembla pas surprise de la question de la jeune fille en face d'elle, son esprit fonctionnait en réalité à toute vitesse. Etait-il possible qu'elle ne se soit pas réveillée dans le hangar ? Pourtant, il était plein à craquer, et quelque chose lui soufflait qu'ils avaient tous ou presque étaient déposés là-bas. Alors ? Elle s'était réveillée aprés l'ouverture des portes ? Non, elle aurait quand même croisé quelqu'un... Dernière option, peut-être la bonne, il était posible qu'elle est été sous le contrôle de son double jusqu'ici... Mais, n'en aurait-elle pas eu un vague souvenir ?

_ Je suis partie du hangar sans parler à personne, mais il semblerait que nous soyons assez nombreux, et ayons tous hérité d'une arme, plus ou moins efficace. J'ai aperçu deux crétins en train de gaspiller les munitions de leurs mitraillettes sur un arbre.

Elle était décidément bien tombée pour son arme... pas de munitions, aussi longtemps que la lame trancherait, elle pourrait donner la mort et respirer cette odeur métallique et entêtante si propre au sang.

* Tiens... je suis déja folle... *

L'idée de tuer ne l'avait jamais effrayée particulièrement, mais là, elle attendait avec impatience le moment où elle tuerait pour la première fois. Etait-ce à cause du délire qu'elle venait tout juste d'avoir ? Ce serait plutôt étonnant. Ou alors, elle souhaitait réellement connaître cette sensation, sentir l'adrénaline se déverser d'un coup dans ses veines, la laissant ensuite frustrée, pantelante et avide de recommencer...
Secouant légèrement la tête, l'adolescente admit silencieusement qu'elle était déja dépendante de cela, juste par l'idée qu'elle s'en faisait. Si la réalité se révélait être au-delà de l'imagination, les chances pour qu'elle ne tue pas tout ce qui passerait par la suite à sa portée se réduisaient comme une peau de chagrin...

_ Dis... Topaze. Ca te va si nous continuons à avancer ? Cela limite les risques que quelqu'un d'agressif nous tombe dessus, et de toute manière, il doit y avoir d'autres sorties.

Logique... Une logique froide et implacable, comme souvent. Parfois, elle en semblait effrayante, passant sans prévenir de la rêverie à cette réflexion tranchante comme un scalpel.

-Une arme....

C'était bien ce qu'elle pensait... Ils étaient donc là pour se battre....
Topaze déglutit avec peine, comment allait-elle survivre en n'ayant pour se défendre qu'une... canne à pêche... ?
Elle observa un instant son interlocutrice, qu'avait-elle eut elle ? Elle ne paraissait pas effrayée.... Elle devait avoir quelque chose d'interessant...
Elle la laissa parler, pensive.
Topaze n'avait jamais eut confiance en personne... Même pas en elle même... L'autre ne lui permettait pas d'avoir ne serait-ce que de l'estime pour elle même... Mais là n'était pas la question... Elle s'interrogait sur cette jeune fille... Devait-elle lui faire confiance ? Elle semblait jeune mais une certaine maturité se lisait dans son regard... Souriant finalement, Topaze jeta un regard vers le chemin où elle se dirigeait un peu plus tôt, s'efforçant de parâitre moins distante, elle lui répondit de sa voix douce et calme.

-Tu as sûrement raison... Passons par là...

Sans plus attendre, elle s'enfonça dans cette galerie, elle la suivrait certainement...

Dans ce sombre repère, tout était silencieux, seul le clapotis de l'eau se faisait entendre un peu plus bas...
Seraient-elles obligées de rester dans cet endroit ? Tout cela l'inquiétait... Des armes.... Elle avait attenté plusieurs fois à sa vie, mais jamais à celle des autres... Y parviendrait-elle ? Comment ferait-elle pour vivre avec ça ? Suite à un tel acte, elle culpabiliserait certainement à s'en arracher les yeux... Il fallait qu'elle se concentre sur autre chose, qu'elle pense à autre chose... Mais après quelques secondes, cette pensée revenait, rebelle, fugitive, la hantant inlassablement. Finalement, elle décida de continuer les présentations.

- Sinon, quel âge as-tu ?

Quand elle était enfant, elle s'amusait à chercher seule la réponse quand elle posait cette question... S'il s'avérait qu'elle tomba juste, alors elle s'entendrait bien avec la personne.... Mais elle avait perdu l'habitude de pratiquer ce genre de devinettes... Durant un instant pourtant, elle se remémora le visage de la jeune fille dans son esprit, essayant d'effacer mentalement la cicatrice. C'était certainement encore une ado... Mais elle ne devait plus être très loin de la majorité... Elle esquissa un sourire, c'était idiot....

Invité

Suivant Topaze calmement, l'adolescente ne décrocha pas un mot pendant un moment, laissant son esprit se concentrer sur le bruit de leurs pas étouffés par un liquide visqueux au sol. Même les quelques rats qui passaient devant elle en courant ne la faisait pas réagir. Elle était telle une poupée, un pantin, une marionette vivante et cassée que l'on a abandonnée, mais qui malgré tout cherche à vivre. Alors même que sa fin est inéluctable...

_ 17 ans...

Elle avait laissé passer 10 minutes avant d'enfin répondre, et ne prit pas la peine de demander l'âge de la femme à côté d'elle. Elle était plus vieille, point. Cela se voyait.

_ Je pense qu'on devrait tourner, plutôt qu'avancer toujours tout droit. On trouvera une sortie plus vite.

Lysandre se tut à nouveau, hésitant un instant avant de sortir son arme de sa poche. Elle en avait marre de ces rats, si elle en tuait un, ils lui ficheraient la paix... Du moins l'espérait-elle.
Plongeant la main dans sa poche, elle en ressortit un lourd rasoir à manche, un de ces outils terriblement tranchants, faits pour égorger plus que pour raser. Et si elle en s'en servait un jour pour raser quelqu'un, elle raserait cette personne jusqu'à l'os. Tout en l'ouvrant avec délicatesse, elle posa son pied sur un des fichus rongeurs, le prenant dans sa main en faisant attention à ne pas se faire mordre, puis le tuant d'un rapide geste du poignet. La petite tête tomba au sol, tandis qu'elle lançait négligemment le reste du corps en arrière et essuyait le sang qui tachait la lame sur son pantalon. Repliant l'objet, elle le dissimula à nouveau et se tourna pour observer le spectacle des rongeurs dévorant celui des leurs qui l'instant d'avant couinait avec eux.

_ Ces bêtes sont ridiculement pathétiques.

Aprés ce geste, elle se sentit calme et posée comme rarement elle l'avait été. L'odeur du sang, décidément, anesthésiait sa maladie mentale. Tant mieux, elle ne risquait pas d'être en manque dans cette île. Et ces égouts, bien que peu fréquentables, recélaient surement des lieux dont elle pourrait se faire des planques. Aprés tout, les rats étaient toujours de la viande, elle avait de quoi tuer, et elle adorait la viande saignante et les steacks tartare alors... elle pourrait peut-être tenir plus longtemps qu'elle ne l'avait cru au premier abord...
Accélérant le pas, elle rejoignit Topaze, puis la dépassa, tranquille. Au passage, elle lui adressa un sourire doux et lumineux. Qui faisait une étrange impression sur le visage de cette ado défigurée qui venait de tuer un rat de sang-froid.

- Sortir ? Je croyais que l'on s'enfonçait dans ces é...

Topaze se retourna, une expression d'incompréhension sur le visage. Au moment où elle posait les yeux sur Lysandre, celle-ci venait de jeter le corps d'un pauvre rat semblable à celui que la jeune femme portait sur son épaule. Derrière ses lentilles, ses yeux pétillèrent de colère.

- Qu'as-tu fait ?

Sa voix, ayant perdu le soupçon de joie de vivre qu'elle avait depuis le début, indiquait clairement que "l'autre" venait de se réveiller. Pour cette dernière, il n'y avait rien de pire qu'une personne qui s'attaquait à un animal, une autre personne ça se comprenait, les hommes étaient si rebutants... mais un animal...

*Laisse-là, elle ne savait pas...*

Comme toujours, malgré le fait qu'elle n'ait plus le contrôle de son corps, Topaze était consciente. Ça avait ses inconvénients et ses avantages... L'avantage était qu'elle pouvait toujours tenter de calmer l'autre...

*Idiote...*

- Ne refais plus jamais ça... Je ne suis pas du genre "tolérante"...

Il était rare que "l'autre" dévoile ainsi sa personnalité, elle était plutôt du genre à jouer la naïve, la gentille petite fille, se faisant passer pour Topaze... Sans en ajouter plus, elle passa à coté de Lysandre revenant sur ses pas, lachant par la même occasion un soupir de dégout.

- ...Comment pouvez vous encore vous dire "humains", vous n'êtes rien, sombres idiots...

*Eh bien, n'auras-tu jamais fini avec ça ? Te crois-tu plus "humaine" ?*

*Non, je ne suis pas humaine, c'est ce qui fait ma différence...*

*Rends-moi mon corps à présent, s'il te plait...*

*Allons donc, le temps du "dit le mot magique et tu auras ce que tu voudras" est révolu...*

La jeune femme esquissa un sourire narquois.

- Suis-moi, on va ressortir par là où je suis rentrée ^^

Invité

Lysandre ignora tout de la rage de l'"autre", n'ayant même pas remarqué le changement tant cela lui était indifférent. lui emboîtant le pas, elle la laissa déblatérer, ne relevant pas et attendant qu'elle se taise pour répondre. De toute manière, aussi longtemps qu'elles seraient là-dedans, elles n'auraient pas grand-chose à faire, aussi avait-elle tout son temps.

Enfin, le silence. Topaze, ou son autre personnalité, avait enfin fini de parler. C'était donc au tour de Lysandre qui, dépassant la blonde, tourna sans hésitation à gauche, les éloignant volontairement d'une sortie peut-être proche. Dehors, elles seraient reprises par la violence, et ne pourraient plus parler. Juste se battre, juste survivre. Dans ces égouts, elles étaient protégées, hors du temps. Autant en profiter.

_ Si je l'ai tué, c'est parce que les rats étaient affamés. Mieux valait devoir en tuer un qu'une dizaine quand ils seraient finalement passés à l'attaque. Et si il est vrai que je les juge pathétiques, les humains le sont bien plus. Enfin, que tu sois Topaze ou l'autre, cela ne change rien au fait que tu sois comprise dans cette catégorie, de même que moi. Et je me fiche de ce que tu peux malgré tout penser de cet acte.

Lui tournant le dos, la grecque reprit sa progression, les rats désormais à distance confirmant pour elle qu'elle avait fait le bon choix. Ces bêtes étaient plus intellgentes que des hommes, elles savaient discerner le danger et attendre le moment propice, l'instant clef. Les humains eux couraient dans l'espoir qu'il apparaisse vite, sans plus. Et toujours, ils s'échouaient, ridicules pantins désarticulés...

_ Tu es peut-être vue comme folle du fait d'avoir deux esprits, mais sache que je le suis davantage. Je pourrais te tuer sans en avoir conscience, persuadée de rêver. Et ce, tout en restant obscurément certaine que c'est la réalité. De plus, aussi longtemps que j'aurais cette cicatrice, je serais comme ça. Dépendante de la vue du sang, quoique luttant contre. Alors, une fois dehors... évite-moi.

Elle ne pourrait pas dire par la suite que Lysandre ne l'avait pas prévenue, au contraire. Et si elles se rencontraient à nouveau au dehors, la jeune fille avait un mince espoir de ne pas devoir ôter la vie à cette fille somme toute moins folle qu'elle.
Au dehors... si seulement elle avait pu éviter de devoir s'y rendre !

A mesure que l'adolescente parlait, un sourire sourire se dessinait sur le visage de la jeune femme. Elle n'aurait jamais cru tomber sur quelqu'un avec un tel caractère... A vrai dire la vie en société, elle avait oublié et il était plaisant de se rendre compte qu'il existait encore quelques personnes intéressantes en ce monde... La compagnie de Topaze l'ennuyait... Celle-ci avait également un fort caractère mais possédait un coté naïf qui l'horripilait réellement...

- Dans ce cas nous devrions peut-être nous séparer... A moins que tu n'en aies pas envie, la sortie n'est pas ici, tu sais...

Elle sourit de nouveau, s'arrêtant brusquement, montrant du doigt l'intersection un peu plus loin.

- Si tu veux sortir, il vaut mieux rebrousser chemin !

Topaze arborait une expression moqueuse. Ce défi l'amusait et elle était bien tentée de le relever. Le sang elle connaissait, tuer aussi... Quand elle avait poussé Topaze à se suicider, la seule chose à l'avoir poussé à le faire était la soif de sang...

- Cependant, je crois que nous sommes loin d'être à armes égales... Tu ne penses pas ?

Elle jeta un regard rapide vers sa canne à pêche. Elle aurait préféré une arme à feu, mais ça devait paraître trop facile de tuer à ceux qui l'avait emmené ici... Un couteau alors ? un ciseau ? même une casserole lui aurait plus servi que cette canne à pêche. Certes un hameçon ça ne faisait jamais du bien, mais encore fallait-il trouver le moyen d'en transpercer la chair... Comment devait-elle procéder ? Comme à la pêche ? Lancer l'hameçon sur l'ennemi en esperant le toucher ? Le mieux était encore de s'en servir comme une batte...

- A vrai dire, je n'ai jamais été une adepte de la pêche, tu voudras que je te considère comme quoi quand on se rencontrera dehors ? Une truite ? un poisson-chat ? un piranha... ?

*Arrête ça, je tiens à mon corps...*

- Oh toi, retourne dans ta "chambre" et laisse les grandes personnes discuter !

Regardant le sol, elle avait répondu à Topaze à voix haute... A quoi bon se cacher ?

Invité

Lysandre ne s'arrêta pas d'avancer, se moquant éperdument de savoir si oui ou non une sortie était prôche. Pour être honnête, elle commençait à apprécier l'endroit qui, bien qu'insalubre, fournissait une planque idéale pour quiconque était assez fin pour savoir s'y retrouver. Cela, elle pourrait sans le moindre doute l'apprendre. Se tenir à l'écart, affiner sa maîtrise de son rme, et finalement se révéler dans toute son hideuse beauté, poupée défigurée à l'esprit fissuré par la folie... Elle ne répondit pas jusqu'à ce que le silence revienne, c'était ainsi qu'elle aimait faire. Attendre et tendre patiemment ses filets pour annihiler un à un tous les arguments...
Elle ne pouffa même pas en entendant comment l'autre s'adressait à la propriétaire légitime de son corps.

_ Je sortirais plus tard. Et pour information, je me moque de savoir si tu es ou non mieux armer que moi. De toute manières, sur cette île, tu n'as pas la moindre importance, tout comme moi. Et sache que je suis un narval. Méfie-toi, j'ai l'air inoffensive mais je suis loin de l'être. Comme l'araignée, je tisse ma toile en attendant l'imbécile qui tombera dedans...

Se plaçant juste devant l'autre, elle approcha délibérément son visage du sien, soufflant avec un air narquois à proximité de ses lèvres

_ A moins que je ne sois un éphémère... qui sait ? Je ne me laisserais pas deviner...

S'éloignant d'un bond, elle avança un instant sur un pied, jouant comme une enfant. Qu'il était agréable de sentir sa folie revenir peu à peu, tout compte fait. Sa compagnie lui avait manquée, finalement. Erasme avait raison, la folie est un alliée fidèle et tendre : ses élus n'ont pas à se plaindre de la douceur de ses étreintes...

La jeune fille sourit, amusée. Pourtant, elle resta silencieuse. Il lui était difficile de garder son équilibre, collée contre le mur. Perchée sur ses talons compensés d'une dizaine de centimètres, elle observait d'un air dégoûté le liquide un peu plus bas ; mieux valait ne pas tomber là dedans... Elle doutait fort qu'il y ait des douches dans ce coin perdu...
Elle avait fini par faire abstraction de l'odeur, mais étrangement le seul fait d'observer tout ce ramassis d'immondice suffisait à lui remémorer le parfum nauséabonde des lieux... Elle ne passerait pas tout le reste de sa vie dans cet endroit, peut-être aurait-elle mieux fait de retourner sur ses pas et de ressortir... Mais l'envie irrésistible de s'amuser la poussait à suivre la jeune fille.

Dis-moi "l'araignée" tu crois réellement qu'en restant ici des moucherons vont venir dans ta toile ?

Esquissant un sourire, elle leva les yeux vers sa compagne. Une araignée... Tellement de personnes en avaient peur, de plus bien que la femme-araignée soit un fantasme pour beaucoup d'hommes, elle doutait fort que le caractère de cette jeune fille en attire beaucoup... Des sadomasochistes peut-être...

A part des rats, tu trouveras pas grand chose...

» ♦ [Miyu][Finish, maintenant tu peut venir voir ^Hachi ^_-]