Start the game - Début de partie

Noir, il faisait noir ... Remarque, il avait toujours fait noir pour Nanashi ...

Mais encore plus là maintenant tout de suite ... son esprit était embrumé, ses sens confus, elle se réveillait à peine et tout se mélangeait ... Elle était couchée sur un sol froid et entendait un brouhaha inquiétant. Elle se frotta les yeux (réflexe inutile mais persistant), dodelina de la tête (idem), tenta de bouger ses jambes endolories et finalement se redressa pour se mettre en position assise. Elle tâta autour d'elle, touchant le béton glacé puis un morceau de métal, et *vruing* effleura des cordes de guitare. Bon, elle savait toujours pas où elle était ni pourquoi, mais elle savait qu'elle avait sa guitare électrique ♥ Toujours utile ... Elle continua de sonder les environs ... Une housse, non, SA housse de guitare. Sa guitare était consciencieusement posée dedans. ~ Parfait ~ se dit Nanashi, m'enfin elle était également totalement terrifiée ... Elle était vraisemblablement dans un lieu clos, en compagnie d'une foule, bref, ses phobies revenaient au galot, la prenant de court et envahissant son esprit ... Ca y est, elle paniquait ... Elle tremblotait ... Elle se recroquevilla, prenant la guitare et la serrant dans ses bras comme une peluche pour se réconforter ... De plus il faisait froid et elle n'était pas habillée pour parer à ça ... Jupe noire courte, corset noir, pas de manches, peut être que ses grande chaussettes rayées couvraient ses jambes, mais cela ne suffisait pas à les tenir au chaud ... Bref, la pauvre jeune fille était dans un bien sale état ... Traumatisée, frigorifiée, terrorisée, et tout plein de trucs pas agréable en "-ée" ...

Tout va bien. Je suis dehors, pour une fois. Il m'a laissé sortir, ce sale con. Ca devient de plus en plus rare ces temps-ci. Je suis allée dans la forêt, ça faisait longtemps que je n'y avais pas mis les pieds. Et tout me semble enchanteur. Les arbres sont plus verts que jamais, le ciel perd sa teinte grise pour un bleu vif, virant au rose orangé en raison du soir qui tombe. Moi qui aime les paysages gris, je ne peux m'empêcher de m'extasier devant toute cette beauté. Jusqu'à ce que je sente le sol se dérober sous mes pas. Une violence douleur me prend soudain. A la tête.

Il me faut plusieurs minutes avant de réaliser que je ne suis pas du tout dans une forêt enchanteresse. C'était presque trop beau pour être vrai. J'ouvre lentement les yeux, tout en me retennant de pousser un gémissement. Merde. Ma tête. Je passe ma main derrière ma nuque. Un liquide chaud et poisseux me la recouvre. Je me rappelle soudainement pourquoi j'ai cette plaie. Les salauds ont voulu m'endormir, avec du chlorophorme. Il me semble que j'ai réussi à décrocher un solide coup de pied dans la mâchoire du premier. Mais à plusieurs contre moi seule, c'était perdu d'avance. Ils m'ont assomé par derrière.

J'ai beau ouvrir les yeux, je ne vois rien. Un noir toujours aussi total que le chaos qui régnait dans ma tête quelques instants plus tôt. Je comprend enfin. Je suis prisonnière. Tout me revient en un instant. L'émission, bien sûr. Mais ça, je dois être une des seules à le savoir, évidemment. J'entend maintenant les respirations calmes et lentes des personnes autour de moi, encore endormies par le chlorophorme qu'on les a forcé à inhaler.

Je me demande encore ce que je fous là. Je ne me souviens même plus exactement. Je suis la fille du créateur de cette émission de tarés, bordel. Je ne devrais pas être là. Ma main se pose sur le sac qu'on m'a remit. Pressé contre moi. Je sens l'arme, sous mon poing. Inutile de fouiller, je sais très bien de quoi il s'agit. Ca fait longtemps qu'on m'a prévenu.

Enfin, après un temps presque interminable, les portes s'ouvrent. Lentement, afin de ne pas trop abîmer nos pupilles habituées au noir. Du moins, c'est ce que je suppose. C'en est presque amusant. Mon père qui créée une émission sanguinaire, teintée de sadisme et de cruauté, et qui prend encore la précaution de ne pas abîmer nos yeux. Cela dit, ça fait un bien fou, la lumière. Je vois enfin tous ceux qui sont tout autour de moi. Et dans un coin, une jeune fille. Qui serre une guitare contre elle. Elle semble réveillée elle aussi. Je fronce les sourcils.

Encore une qui ne va pas s'en sortir, selon moi. Elle a l'air trop fragile, trop réservée. Il faudra jouer franc jeu, ici. Les gens commencent à sortir, à se réveiller. Bientôt il n'y aura sans doute plus personne ici. Je m'approche de la jeune fille, d'un pas lent.

Akabane regardait les personnes présentes dans la salle. Enfin, regarder...C'était assez dûr à faire à cause du noir quasi-tota. Il les sentait, plutôt. Il les sentait bouger, remuer en tout sens, et même, pour ceux proches de lui, il entendait leur respiration . Ils devaient être au moins quelques centaines...Au moins, quelques chose d'amusant allait se produire. Quelque chose qui le changerai de ses éternels meurtres si rapides et sans douleur. Il sentait que, dans toutes ces personnes présentes, quelques unes valaient le coup. Il sourit. Ah, décidément, il allait bien s'amuser. Il aurait tout de même voulut tuer les gens qui l'avaient amené ici. Franchement, il avait trouvé ces perosnnes absolument incorrectes avec lui. Déjà, ils le prenait en otage, ce qui est très malpoli, mais ensuite, ils lui avaient bandé les yeux et l'avaient jeté dans cet entrepôt d'une façon brusque et bruyante. Oui, il aurait bien aimé les tuer. Mais bon, c'était comme ça. Il ne les reverrait sûrement jamais... Soudain, la lumière se fit dans la salle. On ouvrait les portes...C'était la fin du voyage...Et le début de l'enfer. Enfin, le début du paradis, pour Akabane...Il leva le bord de son chapeau pour mieux observer les personnes présentent dans la salle. Il y en avait beaucoup qui étaient sans intérêts. Par exemple, une jeune femme qui pleurait...Pathétique. Ce n'était pas en pleurant qu'elle allait arranger les choses...Mais il y avait d'autres personnes beaucoup plus intriguantes... Comme cette fille qui tenait une guitare... Bien qu'elle sembla faible et assez désorientée, cette guitare la rendait plus intéressante que les autres. Il y avait aussi cette autre fille... Elle avait l'air d'une jeune fille tout ce qu'il y avait de plus banal. Mais ce qui la rendait différente, c'était ses yeux. Une volonté farouche s'y lisait. Et ça, c'était intéressant. Il émit un léger rire pratiquement inaudible.
Déjà, les personnes sortaient de la salle. Elles semblaient affolées, ou inquiétés. Akabane le lisait dans leurs démarches. Des pas précipités. Le regard qui se pose n'importe où, en quête d'un éventuel échappatoire. Akabane, lui, se leva tranquilement, sa main droite tenant le bord de son chapeau. C'est alors qu'il remarqua, à son côté droit, un sac. Il le prit et l'ouvrit. Il y trouva un scalpel à l'intérieur. Oh, son cent-huitième scalpel... Il l'avait perdu lors d'un combat... Et on le lui redonnait. Cela ne signifiait qu'une chose: il allait falloir se battre. Parfait. Il prit le scalpel, et l'enfonça dans la paume de sa main, sous le regard étonné des autres personnes qui passaient devant lui. Le scalpel y était entré facilement, et maintenant, il logeait sous la peau de sa clavicule gauche. Ah, ça faisait du bien de retrouver un vieil ami... Il observa la fille au regard farouche. Elle s'approcha de celle qui avait la guitare. Hum... Il y avait quelque chose de bizarre dans l'attitude de cette fille... Elle n'était absolument pas angoissée, ni même inquiète de ce qui allait se passer... Peut être savait-elle quelque chose à propos de ce qui leur arrivait... Il s'approcha d'elle, releva son chapeau pour qu'elle puisse voir son visage, et, avec un sourire, lui demanda:

-Excusez-moi, mademoiselle... Savez-vous quelque chose de ce qui nous arrive? Et, si oui, pouvez-vous essayer de m'aider à éclairer la situation dans laquelle nous nous trouvons?

Il la regarda un moment, ses yeux violets plantés dans ceux bleus de cette jeune femme, attendant sa réponse.

La jeune fille a la guitare semble toujours aussi désorientée. Je ne parviens pas à savoir si elle a peur ou pas, ces choses là se lisent naturellement dans les yeux des autres, normalement. Chez elle, c'est vide. Je ne parviens pas à le deviner. Sans doute a-t-elle un peu peur malgré tout. Si elle savait comme elle a raison... Si je n'avais pas peur du ridicule et si je connaissais la sortie de cette île, sans doute que je m'enfuirais. Mais ces deux choses sont aussi inconcevables l'une que l'autre. Mieux vaut me préparer à survivre, puisque c'est l'enjeu, et toutes les personnes qui quittent peu à peu l'entrepôt s'en rendront bien vite compte.

Je réalise tout d'un coup pourquoi je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle ressent. Elle est aveugle. Bordel, j'aurais du m'en rendre compte plus tôt. Ses yeux sont vides, dénués de toute expression. Cet handicap est rattrapé par son visage d'ange, qui exprime une innocence des plus pures. Il n'est pas dans ma nature d'avoir pitié. Surtout ici. Je sais depuis le début que c'est un sentiment à restreindre à tout prix. Néanmoins, je ne peux qu'avoir envie de l'aider. Merde, à quoi il a joué. Une fille aveugle, dans son émission de merde. Je m'approche d'elle lentement, et lui saisit la main le plus délicatement possible.

« Comment tu t'appelles ? »

Je me demande pourquoi je fais ça. Mais après tout, pourquoi pas. On est tous dans la même merde, même si certains ne s'en sont pas encore rendus compte. Je sais que les apparences sont trompeuses, mais il me paraît inconcevable que ce bout de chou puisse m'être dangereux. Moi qui m'était jurée d'éloigner tout ce qui pouvait représenter un potentiel danger.

Soudain un homme m'adresse la parole. Je me retourne vivement.

« Excusez-moi,
mademoiselle... Savez-vous quelque chose de ce qui nous arrive? Et, si
oui, pouvez-vous essayer de m'aider à éclairer la situation dans
laquelle nous nous trouvons? »

Celui-là est dangereux, c'est l'évidence même. Il n'a pas l'air effrayé, ni même de lutter pour garder son sang froid. C'est une assurance pure qui se reflète, dans sa démarche, dans sa façon de parler. Un espion, un de ces acteurs stupides envoyés par mon père pour "diversifier le jeu" ? Auquel cas il serait là pour me tester. Mais je n'y crois pas trop. A priori, personne ne sait qui je suis. A priori. Ses froides manières ne font que me convaincre une fois de plus qu'il cache son jeu.

« J'ai aucune d'idée de l'endroit où on est, je suis pas plus avancée que vous. »

Il paraît que je mens bien. Il paraît. En tout les cas, je le regarde sans ciller un seul instant, c'est déjà ça. Aucun malaise ne me prend lorsque j'en viens à mentir, et sans doute que cela me sera très utile ici. J'ignore ce que les gens sont capables de faire s'ils apprennent la supercherie, mais ce n'est pas à tester, en tout cas. Cet homme ne m'inspire pas, mais il s'en sortira, je n'ai aucun doute là-dessus. Du moins, envers les autres joueurs. Il n'a pas l'air d'hésiter à tuer. En revanche, face aux Virtuels, c'est une autre histoire. Un rictus amer se peint sur mon visage lorsque je m'imagine de quelle façon atroce il pourrait mourir en croyant triompher.

Mon regard se porte à nouveau sur la jeune fille à la guitare, pendant quelques instant. Toujours aussi crispée sur son instrument. Bah, ça peut toujours servir comme arme. Et c'est sans doute plus pratique que l'éventail dont sa voisine a hérité.

Le chaos ... Rien n'est plus chaotique qu'une bande d'humains qui se déplace, tous comme un seul homme, une bande de mouton se dirigeant vers la sortie. On pourrait croire que c'est harmonieux, ils vont tous au même endroit en même temps, mais il n'en est rien et ce n'est même pas la peine d'essayer de s'y aventurer, Nanashi serait poussée contre le sol, écrabouillée sous des centaines de chaussures ... C'est pour cela qu'elle resta, apeurée, terrorisée, plaquée contre le mur du hangar, tremblant, sanglotant, à moitié frigorifiée ...

Elle serrait toujours sa guitare, frollant les cordes avec ses bras. La peur au ventre, les pleurs au coeur ... Elle ne parvenait pas à s'orienter, alors elle ne bougeait pas, tout le brouhaha, les cris, les pieds martelants le sol, elle ne pouvait pas tout analyser ... Quoique, elle percevait quelque chose, des pas décidés, qui savaient vers quoi ils se dirigeaient ... Elle se focalisa dessus, c'était ... quelqu'un se dirigeait vers elle. Elle commença à faire une crise d'angoisse, sanglotant sans raison ...
En entendant une voix douce lui parler, elle essaye en vain de se calmer, bredouillant entre deux sanglots :

"... je ne ... je ne sais ... pas ... je ne sais ... plus ... Na ... Nana ... Nanashi ?"

Elle se recroquevilla un peu plus, fermant les yeux (bien que cela ai peu d'utilité) pour essayer d'oublier le chaos qui régnait dans cet endroit inconnu.

[HRP : sorry c'est court et j'ai mis du temps à pondre ça -_- surtout que je ne sais pas si je pourrais me co la semaine prochaine ... Mais je promet d'essayer de faire mieux la prochaine fois ^^']

[Hors-Jeu : c'est pas grave, Nana ^^ C'est déjà sympas d'avoir répondu Wink

]

Il observa un moment la fille, ses yeux violets cherchant une quelquonque trace de doute. Il n'y en avait pas. Elle devait donc dire la vérité... Oh, et puis, de toute façon, il découvra bien un jour pourquoi plusieurs centaines de personnes ont été entassée dans un entrepôt puis lachés dans la nature. Soudain, une question lui traversa l'esprit. Pourquoi s'évertuer à capturer plus d'une centaine de personnes, pour les relâcher tout de suite après? Non... Il devait y avoir autre chose... Il réfléchit un moment. Un endroit clos. Oui, il devaient être relachés sur une île, ou quelque chose comme ça... Et sans moyen de retourner au continent. Sinon, tout ce que le (ou les) ravisseur n'aurait servit à rien... Il sourit, satisfait de sa théorie. Au moins, il savait à peu près où il était. Une deuxième question s'imposa à son esprit. Pourquoi? Pourquoi faire tout ça? A moins d'avoir un esprit aussi tordu que lui, il imaginait mal quelqu'un organiser une aussi importante rafle sans un but précis. Il essaya de trouver une raison cohérente, mais même son esprit methodique ne trouvait une réponse logique à la question. Bah, tant pis. Pour l'instant, il allait un peu s'amuser avec les gens déjà présent, et puis ensuite, il verrait. Il reporta son attention sur la fille qui lui avait répondu d'un ton froid. Elle ne devait pas l'aimer... Dommage, parce que lui, il commençait à l'apprécier... Enfin, il n'allait pas en faire un plat. Soudain, il se rendit compte qu'il ne s'était toujours pas présenté. Il ouvrit lentement la bouche:

-Oh, je fais preuve d'une grande impolitesse... Excusez-moi, je ne me suis pas présenté... Je m'appelle Akabane Kurodo. Et vous, vous êtes...?

Il regarda la jeune fille, en quête d'une réponse. Elle n'eut pas le temps de répondre, car celle à la guitare, toujours par terre, dit son nom d'une voix tremblante. En un éclair, les yeux d'Akabane la détaillèrent. Il remarqua ses yeux vides. Un rire amusé sortit de ses lèvres. Il rabatit légèrement son chapeau sur ses yeux. Une aveugle... Alors qu'ils devraient se battre...Ceux qui les avaient amené ici étaient vraiment inconscient...A moins que cette fille soit plus forte qu'une simple aveugle. Enfin, il verrait bientôt de quoi elle serait capable... Il regarda l'entrepôt. Presque tout le monde était sorti, il ne restait que quelques personnes désorientées. Bon. Le jeu allait bientôt pouvoir commencer... Peut-être que cette fois, il arrivera à découvrir les limites de sa force... Ses scalpels le démangeaient. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait d'opération... Et la vue du sang commençait à lui manquer. Mais il ne s'en faisait pas pour ça. Il en aura sa dose, ici. Il reporta lentement son regard sur les deux jeunes filles, oubliant peu à peu son envie de sang. Il attendait que l'une des deux parle...

La "fille à la guitare" semble tout juste reprendre ses esprits. Je la comprend, d'un sens. Sans doute pas évident de se réveiller dans un endroit étrange, avec des centaines d'illustres inconnus qui n'en savent pas plus que vous, et sans aucune possiblité de fuite. Et qui plus est, elle est aveugle. Sans doute la raison pour laquelle je me suis dirigée vers elle malgré tout. Mais malgré tout ce que je sais, je n'arrive pas à me mettre à la place de ces gens. Comment réagirais-je, moi, si j'étais dans leur situation ? La question me laisse perplexe. Sans doute que je jouerais les dures, les fortes. Mais intérieurement, aucun doute, je serais morte de peur.

D'ailleurs, je commence à me demander si ce n'est pas de la peur qui m'étreint l'estomac, tel un étau glacé qui m'emprisonne. Mais je me refuse intérieurement à le reconnaître. Sans doute quelque stress passager. Ca m'arrive rarement, - jamais à vrai dire - mais je refuse d'avoir peur d'une création que mon propre père a mis en oeuvre, et que j'ai aidé à construire, d'ailleurs. C'est inenvisageable.

« ... je ne ... je ne sais ... pas ... je ne sais ... plus ... Na ... Nana ... Nanashi ? »

Nanashi. Elle semble encore plus incertaine que je ne le pensais. Je la gratifie d'un léger sourire, ce qui est rare, et je me rend compte une seconde plus tard de l'absurdité de mon geste. Elle est aveugle, bordel. Tu gaspilles tes sourires. D'ailleurs, pourquoi sourire dans une pareille situation. J'aurais mieux fait d'être impitoyable dès le départ, au moins j'aurais eu une chance de survivre.

« Lève-toi, mieux vaut ne pas rester trop longtemps ici... »

Mes paroles sont aussi voluptueuses que possible. Je saisis doucement son bras, dans le but de l'aider à se lever, sans doute n'en a -t-elle pas besoin d'ailleurs. Tant pis. Je veux quitter cet endroit au plus vite, avant que les joueurs se rendent compte qu'ils disposent d'armes et que les "veinards" qui auront hérité des mitraillettes et des revolvers ne viennent "tester" leurs armes.

Plongée dans mes pensées, et dans la contemplation de la jeune fille, c'est à peine si je me rend compte que le grand type dont je ne connais rien et qui est venu me parler il y a deux secondes m'adresse la parole. Au son percutant de sa voix, je relève la tête vivement, mon regard prend cette teinte inexpressive mais nette que je sais aborder.

« Oh, je fais preuve d'une grande impolitesse... Excusez-moi, je ne me suis pas présenté... Je m'appelle Akabane Kurodo. Et vous, vous êtes...? »

Tu parles d'une impolitesse. A vrai dire, je me fiche bien de qui il peut être. Même si, inutile de le nier, ce personnage me semble intéressant - comme quoi, mon père n'a pas fait que des mauvais choix dans ses rafles - , son identité est la chose des plus dérisoires qui soit ici. En société, cela aurait sans doute eu un sens. Ici, non. Nous sommes tous dans le même sac, après tout. Tout étiquettés au même titre : "Victimes préférées de la population mondiale".

J'hésite un instant. Il me demande mon nom. Après ce scandaleux début de l'émission, le nom "Vänster" n'est pas facile à porter. Néanmoins mes doutes s'effacent. Naturellement, il ne connaît pas ce nom. Il ne sait même pas dans quoi il est embarqué. Et si c'est un de ces acteurs ridicules que mon père a employé afin de "rajouter du punch" au jeu, alors il comprendra qui je suis. Ca lui fera au moins une raison de ne pas se monter contre moi, on ne sait jamais. Ce regard perçant qui me caractérise se fixe sur le sien.

« Lili. Lili Vänster »

Ma réponse est aussi courte que cela, après quoi, je le fixe encore un instant, lui et l'étrange aura de sûreté et de cruauté qu'il dégage. Un excellent joueur, j'en suis sûre. Sans doute qu'il sera un des préférés des téléspectateurs. Ils aiment la cruauté, ces merdeux. Ils aiment les forts. Un frémissement de dégoût envers les spectacteurs me traverse l'échine, après quoi je me retourne vers Nanashi.

Cette personne semble gentille ... Nanashi fait tout pour se concentrer dessus, pas simple, la peur lui serre le coeur, lui broit le corps ... Elle essaye d'ignorer le brouhaha ignoble de ces centaines de personnes accourants en tout sens ... Doucement elle r'ouvre ses yeux en même temps que son esprit, elle écoute attentivement, essaye de sentir tout ce qui émane de cette personne qui vient à son secours. Elle continue de serre sa guitare comme une peluche mais agrippe de toute ses faibles forces le bras qui lui vient en aide, guidée par cette voix chaleureuse, comme si elle s'était trouvée une maman, une mère qui prendra soin d'elle au milieu du chaos qui règne. Elle se lève avec difficulté, s'y reprenant à deux fois ... pas à cause de son infirmité, juste à cause de sa peur, elle tremble, presque paralysée, les joues couvertes de larmes ... Elle serre fort ce bras qui vient l'aider, de son autre main elle serre sa guitare ... Elle ne quittera plus cette gentille personne venue la secourir, du moins elle l'espère ... Elle ne parle plus, reste silencieuse, ne fait plus attention à rien à part à cette Lili dont elle vient d'entendre le nom, appréciant chaque note de sa voix, analysant son odeur ... Nanashi s'est trouvée une maman ... Doucement, elle frotte le tissus de ses habits entre ses doigts pour en imprimer la texture dans sa tête, colle sa tête contre le bras de Lili pour en imprimer la chaleur ... Elle ne pense plus à rien, lentement elle se calme, reprend le dessus sur sa peur ... Encore quelques minutes de calme dans son esprit et elle peut de nouveau se mouvoir correctement, plus de paralysie ... Elle se sent juste libérée, se serrant contre Lili, se faisant bousculer par la foule qui se presse ...

Je sens de nouveau mon corps, et j’essais de retrouver la mémoire. Je sens que le produit cesse de faire peu à peu son effet. Je n’arrive pas encore à bouger mes jambes. Je sent les trois fléchettes planter dans mon dos, endormi, encore, mais cette fois si avec plus de mal. J’ai les mains liées derrière le dos, et d’après le tintement métallique, c’est une chaîne. Attaché ainsi je ne peux pas me servir de mes bras, et mes jambes sont encore engourdies. Je ne peux qu’attendre impuissant. Je suis à genoux, la tête basculant vers l’avant, plus lourde que jamais. J’ai du mal à respirer, je comprends enfin. J’ai les yeux encore fermés, mais je sais que je suis muselé : un masque me recouvre la partie inférieure du visage d’acier il est sûrement lié derrière mon crâne mais attacher je ne peux pas l’enlever. Comme si ça ne suffisait pas, il mon aussi mit mon casque de pilote, par-dessus, en aurais-je besoin ?

J’ouvre les yeux, les portes s’ouvrent. La lumière inonde le hangar. Je cligne des yeux je n’aime pas ça. J’ai la tête qui tourne et le souffle court. Mon corps demande à sortir à respirer une profonde goulée d’air frais. Mais je reste à genoux, j’attends, j’attends que la totalité de mon corps me revienne. Autour de moi, la peur, l’angoisse. Une bande de mammifère que l’on conduit à l’abattoir, pétrifié sans vraiment savoir pourquoi. Je sais ce qui les attend et je sais ce que je dois affronter.

Je lève la tête, pendant que les autres s’agitent. Je suis toujours à genoux dans un coin de la salle, personne ne semble me remarquer. Normal. Et je ne m’en plains pas. Je tente de me relevé, je peine, trois doses c’est beaucoup trop. je ne doit pas m’éterniser. Je me relève, après quelques échecs. J’essais de respirer plus profondément mais en vain, il faut que j’enlève cet attirail. Et vite. Je fais un pas, mais ma tête ne suit pas, le monde tangue autour de moi. Je reste droit, je m’arrête. Je regarde encore, quelque chose me dit que ce que je cherche n’est pas loin. Ils se fondent dans la masse. Alors que tout le monde quitte les lieux vers la lumière, je vais dans le sens inverse, je reste dans le fond de la salle. Il n’y a plus grand monde et il est temps de trouver un moyen de me libérer.

Une petite fille s’arrête devant moi, elle doit avoir 7 ans à tout casser. Elle me regarde avec des yeux ronds, elle est jeune c’est pour cela qu’elle ne paraît pas avoir peur. Elle sait que les adultes son inquiet mais elle ne comprend pas, qui comprend ? Je passe mon chemin mais elle fait un pas de côté et me tend une fleur.
Je la regarde d’un air grave et je détourne les yeux. Je n’ais pas de temps à perdre. Je parcours la salle des yeux encore une fois.

[Juste comme ça... Pourquoi tout le monde va avec Nana et Lili ? -___-
Je vous fais peur ? U___U]

c'est pas ma faute c'est Lili...

Edit de Lili > hem, dites, le flood là ... nan mais c'pas que j'vous aime pas mais voilà ... What a Face

Z'évitez hein ?

Lili...Un nom assez bizarre. Non pas bizarre en soit, mais il voyait plutôt une fille s'appeler Lili dans un lycée, en habit de pom-pom girl, et non pas sur une île déserte, où la plupart des gens devaient combattre pour survivre... Enfin, ce n'était qu'un cliché. Il se rappela qu'il était déjà sortit avec une pom-pom girl. Il avait faillit la tuer. Elle était tellement bête, ignorante... Un esprit vide dans un corps de rêve. Il n'avait jamais pensé qu'un tel niveau d'ignorance était attegnable. Il se rappelait les regards de jalousie que lui lançaient les autres garçons lorsqu'il se promenait avec elle. Il n'avait jamais compris comment ils pouvaient être jaloux de lui... Même son "frère" l'avait regardé avec un de ces regards : "C'est pas possible que t'ai autant de cul, mon vieux..." Et pourtant, être sorti avec cette pom-pom girl ne lui avait rien rapporté. Cette fille avait été un énorme fardeau. Bref. Il remarqua que Nanashi bougeait. Elle était venu se serrer contre Lili... Elle ressemblait un peu à un bébé koala. Enfin, ça n'attendrissait pas tellement Akabane.

Un bruit vers sa gauche attira son attention. Il tourna son regard vers l'endroit d'où venait ce bruit. Il y avait un homme, là-bas. Bien sûr, cela n'aurait nullement attiré le regard d'Akabane si la personne qui l'avait émit n'était pas importante. Et pourtant, dès qu'Akabane vit cet homme, un sourire interessé éclaira son visage. Encore quelqu'un qui valait la peine... Ses mouvements souples et fluides le définissait déjà comme un bon, voir même très bon combattant. De plus, il avait une chaîne qui entravait ses mains. Quelqu'un de dangeureux? Si c'était ça, Akabane serait aux anges. Sans plus attendre, il dit aux deux jeunes filles sans un regard pour elles :

-Hum...Veillez m'excuser...

Puis, d'un pas calme, il s'éloigna vers le fond de la salle, sa main droite rabaissant légèrement son chapeau sur ses yeux. Il observait le jeune homme se relever avec précaution. Il ne semblait pas dans un état tout à fait clair. Comme s'il était drogué... A la surprise d'Akabane, il n'alla non pas vers la sortie, mais au fond de l'entrepôt, vers l'obscurité. Akabane le suivit. Il se retrouva bientôt derrière le dos de l'homme. Il avança alors légèrement sa main vers la chaîne qui entravait ses mains, et les effleura. Il savait que l'homme avait parfaitement entendu l'infime bruit. Sans attendre la réaction de celui-ci, Akabane déclara en levant légèrement le bord de son chapeau:

-Attendez, je vais les enlever. Ca ne sera pas facile de combattre avec...

Sans attendre la réponse du jeune homme, il les enleva d'un mouvement souple et rapide. Heureusement, elles n'étaient pas trop serrées, du moins pour Akabane. Lorsqu'il eut fini, il examina de plus près la nouvelle perle rare qu'il avait trouvée: un corps musclé bien qu'élancé, des cheveux noirs, des habits ressemblant à ceux des militaires. Il ouvrit à nouveau la bouche pour se présenter, un sourire serein flottant sur ses lèvres :

-Je m'appelle Akabane Kurodo... Et vous?

Il souleva un peu plus le bord de son chapeau, attendant que l'homme parle...

Nanashi, sans rien dire, s'aggripe à mon bras comme si j'étais sa sauveuse. D'ailleurs, c'est peut-être le cas, je doute qu'elle survive bien longtemps dans cet endroit, dans toute cette île dont chaque recoin va bientôt devenir incertain, inutile d'en douter. Et qui plus est, une guitare électrique, c'est certes une arme originale mais qui ne doit pas être d'une grande utilité. Je me félicite intérieurement de la précaution que j'ai pris d'emporter mon poignard et mon revolver. Je possède deux armes, c'est déjà ça.

D'un geste qui se veut délicat, bien que je doute être réellement capable de délicatesse, je la relève doucement et ne la lâche pas, histoire qu'elle aie encore quelque problème d'équilibre. De toutes manières, elle a accepté mon bras et s'y aggripe à présent. Que ce soit ça ou pas, je considère que je peux la guider maintenant. Au moins à quitter l'entrepôt, on verra bien ensuite. Une fois qu'elle est bel et bien debout, elle se serre contre moi. Je suis un peu étonnée, mais la laisse s'accrocher à moi. Je lui murmure doucement :

« C'est ton arme ? »

Sait-on jamais. Peut-être se trouvait-elle avec cette guitare lorsqu'on l'a raflée, peut-être les vigiles ont-ils daigné la lui laisser ? Je me demande où est-ce qu'elle se trouvait lorsque c'est arrivé ... Les rafles ont eu lieu un peu partout dans le pays, il me semble même qu'on en a fait à l'étranger. Un élan de haine me prend alors envers mon père et touts ses hommes à ses bottes. Ne serait-ce que par fierté, je suis résolue à leur échapper et à survivre. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, je n'ai aucune idée de l'issue du jeu .

Quelle est la fin prévue pour l'émission ? On ne m'en a jamais parlé ... Sans doute, c'est le plus vraisemblable, qu'ils vont tous nous laisser mourir jusqu'au dernier, soit tué par l'un de nos semblable, soit par un Virtuel, soit encore par manque de nourriture ou par accident ... Je frissone en songeant que d'ici 15 minutes, il y aura sans doute déjà des morts. La tuerie va bientôt commencer, nous n'avons plus qu'un laps de temps très réduit.

Les gens se pressent autour de nous. Ils veulent sortir, la plupart ne supportent manifestement pas d'être enfermés. D'autres sont encore sous l'effet du chloroforme, et dorment à poings fermés, non pas d'un someil réparateur et tranquille, mais d'un sommeil crispé, tendu, fiévreux. Et puis il y a cette Akabane, qui ne semble pas paniquer le moins du monde, tranquille comme s'il se trouvait dans un salon de thé.

« Hum...Veillez m'excuser... »

Qu'il s'en aille, j'ai tout mon temps. Enfin, tout compte fait, pas vraiment. Et quelque chose me dit que nous serons amenés à nous recroiser par la suite, il survivra, je le sens. Néanmoins il semble avoir repéré quelqu'un. Je suis la direction de ses pas de mon regard et aperçoit enfin la personne qu'il vise. Un jeune homme, sans doute la vingtaine, un regard farouche, pas un tremblement, pas une once de peur sur son visage. Encore un psycopathe ? Je ne pense pas. Il n'a pas ce regard haineux qu'ont les hommes cruels. Je dirais même qu'il est beau.

Ses mains sont liées par des chaînes. Traitement auquel personne d'autre n'a eut droit. Serait-il un acteur ? Ou plutôt, un personnage volontairement placé dans l'émission ? En tout cas, tout en lui me souffle qu'il n'est pas "normal". Ce n'est pas un joueur parmi d'autres, en tous les cas. Intriguant. Mais j'aurais tout mon temps pour m'intriguer. Ils disparaissent dans le fond de l'entrepôt, peu importe, ce n'est pas mon affaire.

Soudain, un coup de feu retentit au loin. Je ne peux empêcher un frisson de se diffuser dans mon corps. Ca y est, ça a commencé. Un joueur a découvert son arme, une première personne est morte, inutile d'en douter. A présent, les choses vont s'accelérer. Bordel, il faut que je me tire. Mais j'ai toujours Nanashi attachée à mon bras, et il y a ce crétin là derrière qui bavarde tranquillement. Nous sommes presques seuls dans l'entrepôt à présent. Je fais quelques pas en direction d'Akabane et de cet homme que je ne connais pas, afin de me placer dans leur champ de vision.
« Vous feriez mieux de sortir, il a l'air de se passer des choses dehors. »

Ma voix est glaciale, sans doute que mon regard ne l'est pas moins. Est-ce par fierté que j'ai prononcé les paroles ? Je n'ai pas le temps de m'interroger davantage, un nouveau coup de feu se fait entendre. Mais pas de la même arme cette fois. Putain, qui aurait cru que ça irait aussi vite ... Moi qui pensais disposer d'au moins une heure avant que leur merde commence. Et dire que des milliers de personnes sont assis devant leur télévision, un soda à la main, affalés dans leur fauteuil, et se délectent du tout début du spectacle. Un rictus amer se peint sur mon visage.

Les gens s'en vont, toujours pressés ... Le calme se fait peu à peu à l'intérieur, les bruits s'étouffent et il ne reste plus qu'un bruit de fond dans l'entrepôt. Nanashi déserre lentement son étreinte sur Lili, ne tenant plus son bras que du bout des doigts, elle ne tremblait presque plus, se déplaçant avec aisance. La foule était partie, ses peurs presque totalement aussi ... Quoique elle était toujours claustrophobe et sa respiration était haletante et difficile ...

« C'est ton arme ? »

Les mots résonnèrent dans sa tête, elle mis quelques minutes avant de répondre

"Mon ... arme ?.. Euh ... c'est juste ... une guitare ..."

Elle gratta doucement les cordes pour s'en assurer, cela résonna plusieurs minutes dans l'entrepôt presque vide.

"Juste ... une guitare" répéta t'elle dans un souffle comme pour s'en convaincre.

*Ma guitare ?* s'interrogea t'elle intérieurement. Elle ne se souvenait d'absolument rien avant d'être au milieu de cette foule dans ce foutu bâtiment. Mais cet instrument lui disait quelque chose, elle laissa courir ses doigts dessus, sa forme lui était familière, la texture également et les différents boutons aussi ... Quelques secondes semblaient avoir passé mais c'était en réalité quelques minutes qui s'étaient écouléees. Un coup de feu retentit au dehors. Nanashi se fige et se r'agrippe à Lili. Il se passe des choses ? Aller voir ? T_T Sa "maman" a un ton glacial, Nanashi est de nouveau terrorisée, elle souffle en paniquant un faible :

"Non ..."

Elle préférait encore rester dans ce stupide entrepôt/hangar/bâtiment où quoi que ce fut plutôt que se jeter tête baissée dans une guerre stupide ou une bagarre sanglante pleine de coups de feu ... Surtout que sa seule "arme" était une vulgaire guitare électrique (de bonne qualité soit dit en passant, mais tout aussi inutile en ce moment qu'une casserole ou un balais) Mais elle ne sait plus si elle doit avoir peur de ce qui se passe dehors ou de la personne à qui elle s'agrippe qui tout à coup est devenu froide ...

La petite fille regarde par dessus son épaule et s'enfuit en courant, lâchant la fleur. Je ne prend pas la peine de de tourner la tête, je la tourne tout juste assez pour voir du coin de l'oeil l'homme qui vient de me détacher. Alors que la chaîne tombe à terre, je m'écarte. Je me place de profil par rapport à lui, rammène mes bras en avant et lève le menton. Je le regarde se présenter d'un regard méfiant.

Ses yeux ne m'inspire pas, trop de complaisance et d'arrogante tranquilité. Se battre ? Comment le sais t-il ? Lui aussi serait envoyé pour s'amuser ? Je fronce les sourcils, et comprend pourquoi on m'a ainsi muselé. Il n'est pas judicieux d'aider ses futur adversaires. Alors pourquoi me détacher ? S'attendait-il a se battre à mes côtés ? Son être ne m'inspire guère confiance et sa morphologie n'a rien d'un soldat, si il a déjà tué, ce n'est que pour lui même. Je ne reconnais aucune formation sur son anatomie, trop fine, trop saine, peu souffert, trop bien nourrit, le visage trop clair les traits trop aristocratique. Il n'a pas été formé pour tuer. Au mieux il ne sait que s'amuser de la mort. Je me calme néanmoins, j'essais d'avoir une respiration à peu près stable sous mon masque d'acier. Il me donne son nom et me demande le mien. La réponse est mécanique:

Pilote Cairn

Présentation militaire. Au moins c'était clair. Je ne lui rendit pas son sourire, de toute façon, avec ma muselière, il ne pouvait pas le voir. Je tourne la tête vers la jeune fille qui venait de s'adresser à nous, la voix était glacial, et son regard tout autant. Je prend le temps de la regarder: un corps fin, souple et en bonne santé, sain. Le visage tout autant bien que fermé, j'observe une toilette soignée sans prétention. Pas de panique. Etrange, elle aussi serait au courent? Le regard déterminé, de la crainte et de l'appréhension, me faisait pensait qu'elle en savait bien plus sur la gravité de la situation que ce Kurodo.

Contre elle se tenait une jeune fille, le regard vide caractèristique, aveugle tenant fermement ses deux complices. La jeune femme, et son instrument. Je cherche un quart de seconde dans mon esprit...une guitare, je retrouve les partitions, je sais en jouer, pourtant la configuration de l'objet n'est pas la même...plusieurs sortes, celle-ci est éléctrique, je connais la sèche.

Je rammasse ma chaîne, et la pose sur mon épaule, en même temps je referme ma main sur la petite fleur tomber à l'instant sur le sol. Je la glisse dans ma poche, je ne sais pas pourquoi. Avec les autres je me dirige vers la sortie. Mais je reste à l'écart, je me méfie de l'homme, par principe sûrement, peu importe je préfère garder mes distances.

Je retire mon casque. Il ne me reste plus que le masque d'acier qui recouvre la partie inférieur de mon visage. J'essais de l'enlever, cela m'ennuie et m'agace. Mes gestes sont innefficaces je le sais mais la colère commence à pointer son museau et je ne pense qu'à retirer cette horreur qui m'enpèche de respirer. Le système de fermeture doit être dans la nuque, je passe mes doigts sur l'acier mais je n'arrive pas à trouver l'ouverture.

Un son aigue résonne dans ma tête. Et les images apparaîssent. Je vois défiler devant mes yeux les Virtuels, leurs fiches informatiques, histoire d'un peu mieux les connaîtres. Je n'ais plus qu'à les trouver dans ce boxon. La partie commence.

Akabane observa un moment sa perle rare. L'homme semblait méfiant... Et visiblement, il ne l'aimait pas beaucoup...Mais bon. Akabane ne s'inquiétait pas pour ça. Peu de gens se sentait à l'aise lorsqu'il était là. Il ne comprenait pas pourquoi, il essayait toujours d'être calme et poli... Mais visiblement, la politesse disparaissait de plus en plus dans ce monde. Il avait souvent vu des jeunes le bousculer sans même un pardon... D'ailleurs, un jour, il en avait tué un. Il sourit à ce souvenir. Le gosse avait essayé de lui échapper, mais Akabane l'avait rattrapé sans mal. Et puis, il lui avait tranché la gorge. Enfin, ce n'était pas le moment de se remémorer ces moments. Sa perle rare lui répondit d'un ton mécanique "Pilote Cairn"... Son sourire s'élargit un peu plus. Il le savait. Il savait que c'était un militaire, ou quelque chose comme ça. Ce qui expliquait la posture droite et le corps musclé. Un militaire savait se battre. Bien sûr, peu valaient la peine. Mais celui là... Il semblait différent, et ça, ça plaisait à Akabane. Mais bon, apparemment, ce Pilote Cairn n'avait pas vraiment envie de faire connaissance. Bon... tant pis. Akabane ouvrit la bouche pour tenter d'en savoir plus sur lui, mais un coup de feu l'empêcha de commencer sa phrase. Il tourna doucement la tête vers les portes ouvertes de l'entrepôt. Ah... il ne savait pas que les combats commenceraient maintenant...

Il décida rapidement. Il n'allait pas rester dans cet entrepôt plus longtemps. Tant pis pour sa perle rare, de toute façon, il savait qu'il reverrai ce pilote. Non, pour l'instant, il voulait voir les combats au dehors. Peut-être y avait-il des personnes avec qui il pourrait se battre sérieusement... Il s'amuserai sûrement plus que s'il restait dans cet entrepôt... Comme pour le conforter dans son choix, une voix glaciale s'éleva derrière lui:

« Vous feriez mieux de sortir, il a l’air de se passer des choses dehors. »

Tiens, Lili. Elle avait toujours Nanashi accrochée à son bras. Elle aavait l'air de commencer à stresser... Mais il n'y avait vraiment pas de quoi s'angoisser... Justement, ça commençait à être amusant... Il la regarda, son sourire toujours collé à ses lèvres, puis regarda dehors. Non, pour l'instant, il ne fallait pas s'inquiéter... Un autre coup de feu retentit. Ah... Enfin un endroit où il allait être à son aise... Il reporta son regard sur Lili, puis murmura sereinement:

-Oui... Ca à l'air d'être amusant...

Il rit. Puis, tranquilement, il commença à avancer vers le dehors. Le pilote avait rammasé la chaîne qu'il lui avait enlevé un peu plus tôt. Pas bête... Une chaîne pouvait être une bonne arme, quand on savait s'en servir... Quelques coups de feu se firent entendre. Plus les coups devenaient proches à son oreille, plus son sourire s'élargissait. Il jeta un regard vers le pilote. Il semblait s'être mis à l'écart. Oui, décidémment, il ne l'aimait pas. Ou du moins, se méfiait de lui. Mais Akabane l'aimait bien. Enfin, il l'aimait parce que ce pilote était un bon combatant. Il tourna la tête vers la sortie de l'entrepôt. Bon, la partie allait pouvoir commencer...

M

a question laisse Nanashi perplexe quelques instants, avant qu'elle examine sa guitare comme elle le peut, c'est à dire au moyen de ses doigts, faute d'yeux valides. Elle hésite, encore. Tout ne semble qu'hésitation et frayeur, chez elle, d'ailleurs. Bordel. Comment on peut rafler des personnes comme ça. Mais ma question n'a aucun sens, tout comme ce jeu stupide. Rien de tout ce que nous sommes en train de vivre n'a lieu d'être, inutile de se pencher davantage sur la question.

"Mon ... arme ?.. Euh ... c'est juste ... une guitare ..."

Merde, encore une fois je brille par mon intelligence. Elle ne peut pas savoir que c'est une arme, elle ne peut pas savoir que tout le monde ici en a une, même dérisoire. Du moins, pas encore. Il faudra que j'apprenne à être plus discrète. Mais actuellement, je ne risque rien, ce n'est pas Nanashi qui me ferait courir des risques. Du moins, pas volontairement, pas de cette façon. D'ailleurs, elle a l'air perdue. Je la garde serrée contre moi, comme une protégée, inconsciente de l'engagement que je prend. Comme d'habitude, je réagis par des coups de tête. Il faudra que j'apprenne à fonctionner autrement, ça vaut mieux pour moi.

Tant qu'à avoir une guitare, autant s'en servir, même si ce n'est pas de premier choix, comme arme. C'est lourd et manifestement solide, on peut toujours s'en servir en cas d'urgence. J'en rierais presque à imaginer un sombre crétin se faire assomer par l'instrument. Presque. Je regarde donc Nanashi avec insistance.

« Garde-la. »

J'hésite un instant avant d'ajouter

« Ca peut toujours servir après tout. »

Pas évident à trimballer, en revanche, il est clair que je préfère de loin mon revolver et mon poignard. Discrets, et efficaces, en plus. J'ai de la veine, en comparaison. Mais s'il le faut, je l'aiderais à la porter, cette putain de guitare, ça ne devrait pas trop entraver mes mouvements, et, ô subtilité, on a pris le soin de laisser la lanière. Ca aide un peu.

Lorsque je me rapproche de cet Akabane, parti vers le fond de l'entrepôt, manifestement pour causer avec un autre type, et que je lui lance quelques paroles cinglantes, il ne trouve rien de mieux à faire que de sourire. Pas le genre de sourire heureux, ou nerveux, non, c'est autre chose. Un sourire rusé, presque cynique. Je déteste ça. J'ai l'impression qu'il se fiche de moi, ce crétin.

« Oui... Ca à l'air d'être amusant... »

Amusant ? Il se fout de la gueule de qui ? Je fronce les sourcils et retient un grognement. Pas de temps à perdre avec ce genre de personnes qui croit pouvoir passer au-dessus des "règles" du jeu. Mais je déteste tellement ça. Alors comme ça, il croit qu'il va passer du bon temps ? Bordel. Je n'irais pas jusqu'à contredire qu'il va bien s'en tirer - effectivement, il a l'air plutôt débrouillard, rien que physiquement - mais tout de même, "amusant" , ce n'est pas le mot qui convient et il s'en rendra bien vite compte, tout psychopathe ou autre sorte de fou qu'il soit.

Et il rit, en plus. Ce n'est pas de la haine qu'il m'inspire, mais du dégoût. Je déteste ce genre de personnes qui se croient forcément plus malins que tout ce qui bouge et existe dans ce petit monde. Surtout que pour être plus malin que ce jeu pourri, il faut le faire, j'ai cru moi aussi pouvoir passer au-dessus mais il s'est avéré bien vite que je m'étais lourdement trompée. Et lui aussi, il s'est trompé, mais tant pis, il s'en rendra compte bien assez tôt.

« Amusant, hein ? »

Je maintiens mon regard, la ton toujours aussi glacial. C'est pathétique. Je ne dis rien d'autre, jugeant que j'aurais pu me la fermer précédemment. Je constate alors que l'autre, là, le type qu'Akabane est allé voir m'examine silencieusement et rapidement, presque professionnellement. Et lui, alors, c'est qui ? Aucun signe de terreur, aucun signe non plus d'"amusement". Il n'a pas peur, mais il n'est pas comme l'autre crétin. Et même s'il ne m'inspire rien, je me doute que lui aussi fera un excellent joueur, sans doute même un personnage favori du public. Un acteur envoyé par mon père ? Probable. J'attend de voir.

Je le regarde moi aussi quelques instants, avant de détourner les yeux pour en revenir à Nanashi, qui est presque recroquevillée sur elle-même. Je la soutiens d'un coup d'épaule et la redresse. Après tout, les choses ne font que commencer, je n'ai pas à m'enflammer pour si peu que ce qui vient de se produire. La suite me promet bien pire.

Toujours à moitié terrorisée, Nanashi essaye tout de même de se calmer. Elle remet la guitare dans la housse en tremblotant, sans pour autant lâcher Lili. Elle accroche la housse dans son dos comme elle peut et recommence à sonder les alentours de ses 4 sens. Tout ce qu'elle entend et perçoit ne contribue qu'à la terroriser, elle essaye pourtant de garder son calme.

*La peur c'est la mort assurée ...*

Mais c'est plus fort qu'elle, ce bâtiment est rempli de psychopathes et dehors ça ne semble guère mieux ... Elle a de nouveau du mal à respirer, mais parvient à se reprendre, elle porte sa main à sa gorge, puis à sa poitrine où son coeur bat au rythme de sa peur ... Seulement à moitié soulagée, elle replace la housse dans son dos qui commençait à glisser. Elle passe une main dans ses cheveux, puis sur son front et sur ses joues, enlevant doucement la sueur qui commençait à perler. Elle ne pense plus aux gens qui sont là, elle fait abstraction d'eux, les ignorants, préférant ne pas essayer de les cerner ... Elle ferme les yeux, pose la main sur son coeur et commence à chantonner doucement, se remémorant une comptine perdue au milieu d'une bribe de souvenirs ressurgissant du plus profond de son inconscient. Elle serre un peu plus fort le bras de Lili, baisse la tête et murumure dans un souffle sa chanson, se concentrant sur sa mélodie, faisant abstraction des coups de feu et de cet entrepôt à l'atmosphère glacial. Petite comptine macabre au refrain ennivrant, les paroles étouffées dans un murmure ... Qui résonne tout à coup dans sa tête, accompagnant les battements de son coeur et rendant tout le reste innaudible pour elle.

» C'est le debut... [Libre]